éPAUpée est une association a caractère humanitaire crée dans l' Ecole Supérieure de Commerce de PAU. L' objectif est simple: entraide, solidarité et découverte !

vendredi, novembre 17, 2006

Le récit de l'aventure au Népal

EPAUPEE 2006
Quand l’aventure rencontre l’humanitaire…

Dimanche 16 Juillet 2006. Les maçons népalais sont formels. Il va nous falloir plus de temps que prévu pour finir les murs de l’école. Les fondations sur lesquelles on les élève sont trop fines pour que l’on puisse les monter par gros blocs. Il nous faut ériger les murs par deux rangées de pierre de taille entre lesquelles on met du ciment. La tâche est longue et fastidieuse en plus d’être coûteuse.

Nous nous regardons, tout les cinq, perplexes. Jusqu’ici, nous avions surmonté avec bonheur la plupart des difficultés. Durant toute l’année, à Pau, quand nous démarchions sponsors et partenaires, quand nous organisions des soirées étudiantes ou quand nous vendions briquets et t-shirts pour réunir le pécule qui nous permettrait de financer le projet, on pensait avoir fait le plus dur. On était loin de s’imaginer que l’éPAUpée commencerait réellement sur place.

Les difficultés avaient commencées trois semaines avant le départ. Nous avions tous les cinq (Nicolas Dimitriou, Julien Meyer, Conrad Cherblanc, Eric Devianne et François Pabst) nos visas et nos billets d’avion, quand notre contact de l’époque nous annonce que le N.M.A (National Mountaineering Association), organisme qui gère une école que nous devions agrandir, estime que notre aide n’est pas la bienvenue. Ainsi un mail suffisait à détruire le projet sur lequel nous avions travaillé durant toute une année. Mais ce coup dur n’entame pas notre motivation. On veut partir, et on partira. Déterminés, nous cherchons une autre mission à mener à bien au Népal. Par chance, nous entrons en contact avec Hublo Népal, association humanitaire travaillant en collaboration avec EPICEA France. Ouf !Soulagés et ultra motivés, on décolle de Paris le 06 Juin 2006, direction le Népal.

Je n’oublierai jamais notre arrivée à Katmandou. A peine sortis de l’aéroport, nous n’échappons pas à une armée de chauffeurs de taxi qui nous proposent de nous amener tous les cinq au le centre-ville pour un euro. On monte avec le premier venu. Les soldats qui gardent l’entrée de l’aéroport avec leur fusil en bandoulière nous rappellent vite que le pays a connu un début d’année difficile et qu’il reste très instable. Dès la descente sur Katmandou, le bruit et les odeurs nous assaillent, et plus le taxi s’approche du centre et plus il s’enfonce dans un dédale de rues étroites et poussiéreuses où la puanteur se mêle à l’encens. Nous sommes submergés très vite par une marée humaine et motorisée, où se mélangent porteurs, vendeurs de fruits à la sauvette, religieux, commerçants attendant le client à l’entrée d’échoppes à plafond bas, tuk tuk, rickshaws, motos, le tout plongé dans un cacophonie de klaxons. Et comme pour enfoncer le clou, notre chauffeur népalais, avec un sourire qui va d’une oreille à l’autre s’exclame : « Pour conduire à Katmandou, on a pas besoin de permis, seulement d’un bon klaxon ! ». C’est sur, nous ne sommes plus sur la même planète.

Nous avons rendez-vous le lendemain avec le membre d’hublo Népal, notre contact sur place, Alain Laville. Il est marié à une népalaise, il a un enfant et il est depuis six ans ici. Dans le cadre de son action, il nous propose de construire une nouvelle école primaire à Lapu Besi. Ce petit village est situé dans le massif du Manaslu, au nord-ouest de Katmandou. Il faut marcher deux jours depuis la capital pour y accéder. Seul un sentier le traverse, il mène au Tibet. Il n’y a ni électricité, ni eau courante. La région est habitée par l’ethnie des Gurungs, peuple guerrier, premiers et principaux soldats de la fameuse armée Gorka, et qui a réussi à s’élever dans la société de caste népalaise en donnant son sang pour le pays.

Tout s’enchaîne alors rapidement : monter à Lapu Besi, reconnaissance des lieus, premiers contacts avec la population et organisation du chantier. On doit tour à tour s’improviser architectes, pour faire les plans de l’école, négociateurs, pour discuter les demandes financières du chef maoïste, chefs de chantier, pour recruter maçons et menuisiers, et pour organiser l’approvisionnement du chantier en sable et en ciment, manœuvre, nous creusons, avec l’aide de la population, les fondations et enfin montagnards, car nous devons fréquemment redescendre à un jour de marche pour commander le matériel, mais également à Katmandou pour donner des nouvelles à nos proches, tenir au courant Alain de l’avancement du chantier et pour nous ravitailler en biscuit, chocolat… Ceci, grâce à l’aide de Dendi Sherpa, le guide avec lequel nous sommes montés à Lapu Besi et qui a facilité notre premier contact avec la population ainsi qu’avec les maoïstes, mais surtout grâce à Cham Bahadur Gurung, un jeune habitant du village qui parle anglais. Il nous a permis de communiquer avec la population, mais il a surtout prit une grande part dans toute l’organisation du chantier. Sans l’aide de Cham Bahadur, qui nous a tout de suite pris sous son aile, la réalisation du projet se serait révélée autrement plus difficile.

Cela fait donc un peu plus d’un mois que nous sommes au Népal et que nous vivons chez l’habitant. Nous partageons nos journées entre chantier, baignade sous la cascade du village, quelques balades dans la région et les dalbats (lentille/riz en népalais, plat national et quasi-unique.) à la lueur de la bougie et parfois agrémentés de poulet ou buffle fraîchement tués.
Mais aujourd’hui, nous sommes face à un mur. Il faut se rendre à l’évidence, l’école ne sera pas finie dans les temps. La façon de monter les murs va reculer de deux bons mois la fin du chantier. La première conséquence est que nous allons devoir payer nos ouvriers plus longtemps. Nous serons vite hors budget. Heureusement, nous pouvons compter sur l’appui fidèle d’Alain Laville et d’EPICEA qui nous aideront à compléter. La deuxième conséquence, c’est que quatre des membres n’auront pas le bonheur de voir l’école finie, seul Conrad aura la chance de rester sur place.

Cette aventure restera à jamais gravée en nous. Il nous suffira de fermer les yeux pour revoir nos dalbat quotidiens, le sourire des enfants, les népalais travaillant dans les rizières, les menuiser taillant les poutres en pleine forêt, nos descente vers Katmandou sous une mousson battante, nos parties de volley au bord de la rivière ou les ampoules que nous faisaient les pelles et les pioches. De ce voyage restera également une énorme ouverture d’esprit, il a fallu nous asseoir sur nos préjugés et idées reçues pour repousser la frustration que l’on peut ressentir lorsque l’on vit et travail avec des personnes d’une culture tout a fait différente de la notre. Il y a également une chose que l’on ne soupçonnait pas avant de partir : le nom de notre association est bien trouvé.

éPAUpée.

Pour contacter EPICEA France: www.epiceafrance.org
Pour contacter Hublo Nepal : hublonepal@hotmail.com